L'arme de la parole en larmes

Que de dénis de justice assassins ! Depuis le jour où des terroristes massacrèrent les écoliers dans leur salle de classe, tous les jours, quand le soleil était au zénith, les chief, fô, mbock-mbock ou nkoumkouma croquaient des grains de jujube ou de « ndong ». Debout sous le soleil à la verticale au-dessus de leurs têtes, les gardiens des traditions ouvraient ainsi les boulevards de communication avec les morts qui ne sont pas morts. Puis la connexion ainsi établie, leurs mains tendues vers l’horizon bleu, les dépositaires du testament des martyrs se confessaient d’abord. Ils méditaient ensuite sincèrement avant de prier les invisibles de châtier les ouvriers de Lucifer, verseurs à profusion du sang de l’innocence : « Ancêtres, c’est vous qui nous avez prescrit la stricte observance de la divine loi qui interdit de faire du sacrifice avec du sang humain. Délivrez-nous d’entre les mains des satanistes qui gouvernent par des dénis de justice assassins. Pour ces Éventreurs, aucun homme qui ne soit ouvrier de Lucifer, n’est plus une histoire sacrée ! »